Alina Lyonga

Alina Lyonga

FR : Je suis née et j’ai grandi à Marioupol. C’est une ville au bord de la mer d’Azov, avec des gobies et des crevettes d’Azov. Je suis née dans la troisième maternité et c’est là que j’ai donné naissance à mes deux fils. Vous avez probablement tous vu ce qui lui est arrivé le 9 mars 2022.

Nous nous sommes toujours plaints que l’environnement souffrait un peu à cause des usines. Aujourd’hui, on comprend mieux ce qu’était Azovstal, l’usine qui est devenue une forteresse pour les défenseurs…

Lorsque j’étais étudiante, je voulais toujours quitter ma ville natale, et je l’ai même fait temporairement à plusieurs reprises, mais je suis toujours revenue. La dernière fois que j’ai quitté mon mari, j’ai quitté Kyiv pour revenir à Marioupol et je suis devenue la fondatrice d’un concours de beauté régional pour les filles aux courbes prononcées. Ce n’était pas un projet, c’était juste une chanson pour moi, et je voulais y consacrer les prochaines années de ma vie.

J’ai vu les changements positifs dans notre ville qui se développait et se modernisait rapidement… Oh, si vous pouviez voir le projet de bord de mer qui a été développé, mais qui n’a jamais été terminé… Il y a beaucoup de choses à dire sur Marioupol. Je me contenterai de raconter que lors d’une de mes entrevues à la télévision locale, j’ai déclaré : « Je ne quitterai pas Marioupol avant longtemps. » Il me semble que c’est à ce moment-là que j’ai senti que j’étais chez moi!

Lorsque la guerre a commencé pour la deuxième fois, le 24 février, le père de mes enfants m’a appelée et a insisté pour que je quitte Marioupol avec mes enfants. Je lui ai dit que je ne pouvais pas tout quitter et partir si vite. Comme beaucoup d’habitants de la ville, je ne croyais pas que quelque chose de grave allait se produire. J’ai acheté des billets pour le 27 février… c’était drôle, naïf. Dès le premier jour de la guerre, les trains ne circulaient plus à Marioupol.

Au cours de ces premiers jours, je suis restée calme. Nous avons regardé un message vidéo du maire de la ville qui nous assurait que tout allait bien, mais il s’est avéré qu’il était parti depuis longtemps… L’atmosphère dans la ville se dégradait d’heure en heure, semblait-il. J’ai regardé les commentaires des gens qui demandaient à quitter la ville et qui étaient refoulés à cause des combats. La situation devenait de plus en plus effrayante. Nous sommes descendus au sous-sol et j’ai tout de suite compris que j’y étais plus effrayée que dans l’appartement. En raison des terribles bombardements, il y avait une forte probabilité que ce sous-sol devienne notre tombe. Je me souviens d’être sortie le soir pour acheter quelque chose à manger et une crème glacée, mais le magasin était fermé. C’était étrange. J’ai vu du matériel militaire devant ma maison, dans la cour de l’école. J’ai immédiatement pensé que s’ils tiraient depuis cet équipement, cela nous atteindrait. J’avais raison, ma maison a été touchée.

Ensuite, des missiles ont été tirés au milieu de la nuit, que nous pouvions voir depuis notre huitième étage. Mon fils a alors dit : « Regarde, maman, twinkle, twinkle little star » et j’ai senti mon cœur sortir de ma poitrine sous l’effet de la peur.

La communication était presque coupée et je n’avais pas eu de nouvelles de quelques amis de l’autre côté de la ville pendant deux jours. Le parrain des enfants et moi avons commencé à chercher une occasion de partir. Une fois, le voyage a été annulé parce que je n’arrivais pas à l’appeler. Je lui ai demandé de venir avec moi parce que j’avais peur de ne pas y arriver avec deux petits enfants. J’avais peur. J’avais peur de mourir sur la route, peur de dormir et que la maison tremble. J’avais peur de quitter la maison pour acheter quelque chose. C’était effrayant de sortir avec les enfants, et encore plus de les laisser à la maison et de sortir seule. Et s’il leur arrivait quelque chose en mon absence? J’ai compris qu’il valait mieux mourir ensemble.

Avec une faible connexion à internet, j’ai trouvé un transport par des escrocs qui demandaient de l’argent à l’avance. Ils disaient qu’ils étaient de Marioupol, mais ils parlaient un ukrainien comme personne d’autre. Il y avait beaucoup de doutes quant à savoir s’il fallait partir ou non. Nombreux étaient ceux qui disaient qu’il valait mieux rester chez soi, entre ses murs, plutôt que de mourir quelque part en chemin, tué par balle. La femme du chauffeur avec lequel j’allais partir m’a assuré que ce n’était pas sa première fois et que jusqu’à présent tout s’était bien passé.

Le matin, nous partions. La veille, j’avais préparé un sac pour le voyage, car je ne pouvais pas emporter trop de choses puisque j’avais des enfants. Si je me souviens bien, j’ai paniqué parce que mon sèche-cheveux ne rentrait pas. Ma mère m’a dit : « Laisse-le, il ne lui arrivera rien pendant ton absence. » Maman a refusé de partir. Nous ne lui avons pas dit au revoir… Je n’avais pas eu l’impression de partir longtemps.

C’était à nouveau effrayant. D’ailleurs, ce n’est pas tous ceux qui avaient pris  un accord avec le chauffeur qui sont venus au point de rencontre. J’espère qu’ils ont simplement changé d’avis… 

Il n’y avait pas de magasin sur le chemin, et nous n’avions pas de nourriture avec nous.

Nous allions à Zaporizhzhia. Il y avait beaucoup de militaires et d’équipements sur la route. Je ne sais toujours pas si c’était le nôtre ou non. Tout était comme un brouillard. Le sol tremblait sous la voiture. J’ai donc quitté Marioupol avec mes enfants et une petite valise contenant quelques vêtements pour eux, des couches, une paire de sous-vêtements pour chacun, mon ordinateur portable et les passeports.

Lorsque nous sommes arrivés à Zaporizhzhia, nous nous sommes immédiatement rendus à la gare et sommes tombés sur un train d’évacuation. Nous n’avons même pas eu le temps d’acheter de l’eau ou de la nourriture que nous avons sauté dans le train. Nous avons même pris toute l’étagère du bas pour nous quatre. Je ne sais pas comment nous avons survécu ce jour-là. Mes enfants avaient 3 et 5 ans. Je suis reconnaissante aux Tsiganes de les avoir régalés de biscuits et de pain.

À partir de ce jour, et pendant deux longues semaines, je n’ai plus eu aucun contact avec les personnes restées à Marioupol. En Allemagne, nous avons rencontré le père de mes enfants, ce qui ne m’a pas rassurée. J’espérais que dans une telle situation, il serait plus facile de rester avec quelqu’un, mais cela n’a pas été le cas.

Je n’ai pas quitté mon téléphone. Je regardais les nouvelles tout le temps. Chaque jour, j’attendais de recevoir un message de mes proches. Lorsque mes enfants s’endormaient, je pleurais. J’ai recommencé à fumer. J’avais l’impression de devenir folle. J’ai suivi les actualités pour chaque impact de projectile. J’ai vu les balles et les bombes atteindre ma maison, mon quartier, les maisons de mes proches. J’ai suivi tous les groupes en ligne pour avoir de l’information : groupes de personnes décédées, groupes de personnes contactant leurs proches, groupes de volontaires ayant fait quelque chose pour Marioupol… J’ai peu à peu appris la mort d’amis d’enfance et de connaissances, j’ai vu comment les rues que j’avais parcourues presque toute ma vie, les maisons où vivaient ma famille et mes amis, furent rayées de la surface de la Terre! C’est un deuil qui a uni ma ville comme jamais auparavant, malheureusement, à un fort prix. 

J’étais en contact avec toutes les personnes que je connaissais presque 24 heures sur 24, même si nous ne nous étions pas parlé depuis des années. Parfois, il était difficile d’entendre les nouvelles, tant elles étaient amères…

C’est dans cet état que j’ai demandé un visa pour le Canada. À l’initiative de mon ex-mari.

Les choses étaient très difficiles en Allemagne. Pendant presque trois mois, nous avons vécu dans un grand hall en dormant sur des lits de camp. Ceux qui ont connu les camps de réfugiés me comprendront. Il n’y avait pas de chambres séparées. Les gens se disputaient souvent entre eux. Mes enfants étaient malades, ils apprenaient de gros mots, des objets disparaissaient parfois, c’était tout simplement horrible.

Je voulais juste être dans un endroit aussi éloigné que possible de tout ce cauchemar et des disputes que j’avais avec mon ex. Lorsque j’ai obtenu mon visa, j’ai publié un message sur Facebook dans l’un des groupes. Plusieurs familles ont répondu, dont Geneviève. Son message était tellement informatif qu’on aurait dit qu’elle le prenait trop au sérieux. Il était si facile de discuter avec elle. Il y avait un problème : la province française. Je ne connaissais que l’anglais. Bien sûr, elle m’a assuré que je pouvais vivre au Québec avec l’anglais. Je suis parfois très naïve.

La seule question était de savoir comment y parvenir. À cause des cinq années de mon congé de maternité, je n’avais pas d’économies. Bien sûr, j’avais un peu d’argent, mais vu les prix au Canada, c’était une somme ridicule.

Un beau dimanche, j’ai décidé d’essayer de m’inscrire à un vol gratuit pour les Ukrainiens à destination de Montréal. Une demi-heure avant l’enregistrement, un garçon a renversé mon fils à bicyclette. Nous avons dû appeler une ambulance et il a été transporté dans la ville voisine, car seules les urgences étaient ouvertes le dimanche. J’ai effectué l’enregistrement de l’avion directement dans l’ambulance, avec 10 % de batterie sur mon téléphone. Je n’ai pu m’enregistrer que moi-même. J’ai eu de la chance, car j’avais entendu dire que c’était presque impossible. Puis mon téléphone s’est éteint. Je n’ai pas pu enregistrer mes enfants. Grâce aux médias sociaux, on m’a simplement conseillé d’écrire une lettre expliquant que j’étais reconnaissante pour le billet, mais que je ne pouvais pas laisser les enfants seuls. Et ça a marché. Trois jours avant le vol, on m’a accordé trois billets! J’ai écrit à Geneviève que je serais au Canada dans trois jours, elle ne s’attendait pas à ce que j’arrive si vite, mais elle a accepté.

J’ai remis ma vie dans ma valise et j’ai pris le train pour Varsovie. Je ne sais pas comment j’ai eu la force de faire tout cela, mais à chacune des étapes traversées, j’ai rencontré des gens incroyables. J’ai eu de la chance tout au long du voyage. Je n’ai même pas perdu mes enfants en chemin, bien qu’il y ait eu des tentatives.

De nombreux détails ont été omis dans ce récit puisqu’il n’est encore difficile de les raconter. Je suppose que c’est ce qui arrive lorsque l’on perd sa maison et qu’il n’est pas facile d’en trouver une nouvelle dans un pays étranger…

Maintenant, cela fait un an et demi que je suis au Québec, et je me sens souvent seule. Je ne suis pas habituée à ne connaître personne. Mais nous sommes toujours en vie.

Mes parents sont encore à Marioupol. L’ensemble de ma famille est presque toute en vie. Personne d’autre n’a décidé de quitter leur maison. Ma seule famille au Canada, ce sont mes garçons.

J’ai passé toute la première année de ma vie ici à apprendre le français, nécessaire à l’intégration dans la société québécoise. Mentalement, je n’étais pas assez forte pour essayer de déménager dans une province anglophone et de tout recommencer. De s’adapter à une nouvelle société est plus difficile qu’il n’y paraît lorsque vous ne pouvez compter que sur vous-même. Surtout lorsque vous avez des enfants qui dépendent entièrement de vous. Plus je restais ici, plus l’idée de résoudre le problème de la langue en déménageant s’estompait.

Aujourd’hui, je semble bien parler français, j’ai un emploi temporaire et je continue à en chercher un permanent. Mes enfants vont à l’école, Dieu merci, car la garderie coûtait 1200 $ par mois.

Je sors du processus d’immigration avec un esprit en souffrance et une confiance en soi ébranlée qui ont affecté grandement ma pensée positive. Toutefois, je vis avec la conviction que tout se passera pour le mieux et que mon potentiel créatif et ma force intérieure se réaliseront dans ce nouvel endroit!

Aimerais-je retourner à Marioupol? C’est difficile à dire. Probablement pas, parce que le Marioupol dont nous nous souvenons nous manque. Je ne sais pas si je pourrai marcher dans ces rues qui sont chères à mon cœur et ne pas voir tout ce que j’ai eu l’habitude d’y voir pendant 30 années. Je ne sais pas si je pourrai m’habituer à ce qui s’y est passé. Mais c’est ce que je dis aujourd’hui. Voyons ce qu’il va arriver.

Au moment où j’écris ce texte, je ne réalise même pas que c’est mon récit. 

Bon vent à tout le monde!

UA : Я народилась і виросла в Маріуполі. Місто біля Азовського моря, з тюлькою, бичками та азовською креветкою. Я народилась у третьому пологовому будинку, там же народила своїх двох синів. Що з ним сталось 9.03.2022 ви, мабуть, усі бачили.

Ми завжди жалілися, що екологія трохи страждає, через заводи. Тепер зрозуміло, для чого він стояв, той Азовсталь, що став Фортецею для захисників…

Колись у студентські роки мені ще хотілось виїхати з рідного міста, та я навіть декілька разів тимчасово виїжджала, але завжди поверталась назад.

Останнього разу я розійшлась зі своїм чоловіком та повернувшись із Києва у Маріуполь стала засновницею регіонального конкурсу краси для дівчат з пишними формами. Це був не проєкт, а просто пісня для мене. Я хотіла присвятити цьому наступні декілька років життя.

Я бачила позитивні зміни нашого міста, яке стрімко розвивалось та модернізувалось… ах якби ви бачили розроблений проєкт набережної, який так і не втілився у реальність… про Маріуполь можна казати багато. Скажу тільки що в одному своєму інтервʼю на місцевому телебаченні я сказала, що «далеко і надовго я із Маріуполя їхати більше не збираюсь». Мені здається що саме тоді я відчула що це мій дім!

Коли війна почалась в друге, 24 лютого, батько моїх дітей дзвонив мені та наполягав, що б я виїжджала із дітьми із Маріуполя. Я сказала що так швидко не можу все кинути та поїхати. Мені, як і багатьом маріупольцям не вірилось, що буде щось серйозне. Я купила квитки на 27 лютого… смішно, наївно. Вже у перший день війни поїзди не курсували у Маріуполі.

Ці перші дні я ще якось була спокійною. Ми дивилися відеозвернення мера міста, який запевняв нас що все добре, як виявилось сам він вже давно з міста поїхав… атмосфера у місті загострювалась, здається, кожної години. Я дивилась коментарі людей, що питались покинути місто та їх розвертати назад через бойові дії. Становилось все страшніше з кожним днем. До підвалу спускались, одразу зрозуміло що мені там страшніше ніж у квартирі. Через те, як жахливо бомбили наше місто, існувала велика ймовірність що той підвал і стане твоєю могилою. Памʼятаю як вийшла ввечері купити поїсти щось і хітси на айкос, та магазин вже не працював. Дивно. Натомість, побачила військову техніку навпроти дома, прямо у шкільному дворі. Одразу навіяли думки, що якщо стрілятимуть з цієї техніки, то назад летітиме також сюди. Спойлер- я не помилилась, у мій дім було попадання.

Потім були збиті ракети посеред ночі, які ми бачили начебто на відстані витягнутої руки з нашого восьмого поверху. Мій син тоді сказав «Look mom, is twinkle twinkle little star”, а я відчувало як серце просто вибивається з грудей від страху.

Звʼязку вже майже не було, я вже пару днів не чула від декількох друзів з іншої частини міста.

Я і мій кум почали шукати можливість виїхати. Один раз поїздка зірвалась через те що я не могла йому додзвониться, та я просила його їхати зі мною, тому що одна з дітьми боялась не впоратись. Мені було страшно. Страшно загинути по дорозі, страшно спати коли дім трясеться. Страшно вже і з дому вийти щось купити. Бо з дітьми вийти страшно, а самій ще страшніше. А якщо з ними щось трапиться поки мене не має вдома? Я точно розуміла, що краще померти усім разом.

Я знайшла авто, поперед здихаючий звʼязок та скармерів які просили гроші наперед, доказуючи що вони із Маріуполя, при цьому розмовляючи українською, як ніхто в нашому місті. Було багато сумнівів – їхати чи не їхати. Багато хто казав, що краще залишитись вдома серед рідних стін, ніж вмерти десь по дорозі розстріляним. Та жінка водія, з яким я зібралась поїхати, запевняла мене що він не вперше їде, та до цього часу все проходило нормально.

Зранку був виїзд. Вночі напередодні я збирала сумку в дорогу, речей багато брати не можна, бо на руках будуть діти. Як зараз памʼятаю я чогось психувала що не влізає мій фен для волосся. Мабуть, від нервів… Мама сказала, залиш його, нічого не станеться з ним за час твоєї відсутності. Мама їхати відмовилась. Не прощались із нею… я начебто ненадовго їхала.

Знову страшно. До речі, не всі, хто домовився із водієм, приїхали на місце збору. Сподіваюсь, що просто передумали… 

Жодного магазину на шляху. Їжі взагалі не було із собою.

Ми їхали до Запоріжжя. Багато воєнних та техніки на шляху. Я і до сьогодні не знаю чи то були наші, чи ні. Все було як в тумані. Земля тремтіла під авто. Так я поїхала із Маріуполя з дітьми із маленькою валізкою, де були дитячі пару речей, декілька підгузок, всім по парі трусів, мій ноутбук і паспорти.

Діставшись Запоріжжя одразу же пішли на вокзал, та наткнулись на евакуаційний поїзд. Я вже мала уявлення як ще важко буде, що багато людей і ніякого розкладу відправлень тощо. Ми просто не мали часу навіть купити води чи їжі та застрибнули у вагон. Нам навіть дісталась ціла нижня полиця на чотирьох)

Я не знаю як ми пережили цю добу. Моїм дітям було 3 і 5 років. Дякую циганам що пригощали їх печивом і хлібом)

З цього дня на довгих два тижні я не мала звʼязку ні з ким хто залишився у Маріуполі. Ми зупинились у Німеччині. Ми зустрілись із батьком моїх дітей, від чого мені легше не стало, хоча я сподівалась що у такій ситуації триматись із кимось легше. Ні.

Я не відлипала від телефону. Я дивилась новини як божевільна. Я кожного дня чекала на якесь повідомлення від близьких. Коли мої діти засинали, я просто ревіла. Почала палити знову. Здавалось дах їде. Я дивилась новини кожного прильоту. Бачила прильот по своєму дому. По своєму району, по домах близьких. Моніторила усі групи телеграм – групи загиблих, групи де люди звʼязувались із родичами, групи волонтерів які щось робили для Маріуполя… Поступово дізнавалась про смерті друзів дитинства та знайомих, бачила як стирають з лиця землі рідні вулиці по яких ходила майже все життя, домівки де жили близькі та знайомі! Це горе, яке обʼєднало моє місто як ніколи, на жаль тільки такою ціною. 

Я була майже цілодобово на звʼязку з усіма кого знаю, навіть якщо ми декілька років не спілкувались. Інколи було важко чути новини, настільки був гіркий смак…

Десь у такому стані, власне, я і подавала заявку на візу в Канаду. З ініціативи колишнього чоловіка.

У Німеччині все складалось дуже важко. Майже усі три місяці ми жили у великому холі із розкладничками. Хто був у таборах для біженців – мене зрозуміє. Окремих кімнат не було. Люди між собою часто сварились. Мої діти боліли, навчились поганих слів, речі іноді пропадали та це просто був жах.

Отримавши візу, вкотре посварившись із колишнім, мені здалось що я просто хочу опинитися десь якомога далі від усього кошмарного сюру, що відбувається. Я зробила пост у Фейсбуці в одній із груп. Мені відповіло декілька сімей, включаючи мою хост- Женевьев. Її повідомлення було настільки інформативним, що здавалась вона занадто серйозно до цього підійшла. З неї склався діалог легше за все. Був один момент- французька провінція. Я знала тільки англійську. Авжеж, вона мене запевнила, що з англійською у Квебеці можна прожити. А я сама по собі інколи дуже наївна.

Залишалось одне питання – як туди дістатись. Тому ми з Жене конкретно ні про що не домовлялись. Тільки познайомились За 5 років декрету в мене збережень не було. Були авжеж якісь гроші, але з цінами у Канаді то смішна сума.

Але одною прекрасної неділі я вирішила спробувати зареєструватись на безкоштовний рейс для українців до Монреаль. За півгодини до початку реєстрації мого сина якийсь циганський хлопчик збив велосипедом, нам викликати швидку допомогу та повезли аж до сусіднього міста, бо в неділю працює тільки чергове відділення. Я реєструвалась на літак прямо в кареті швидкої, по дорозі, маючи 10% заряду. Я змогла зареєструвати тільки себе. Мені просто пощастило, тому що я чула, що це майже нереально. Далі мій телефон вимкнувся. Дітей зареєструвати не змогла. Дякую соц мережам, мені просто порадили написати листа із поясненням, що я вдячна за квиток, але залишити дітей самих не можу. І це спрацювало. За 3 дні до вильоту мені схвалили 3 квитки! Я написала Женевьєв, що буду у Канаді за 3 дні, вона не очікувала мене так різко, але погодилась.

Я знову зібрала своє життя у валізку, дітей до купи, і сіла на поїзд до Варшави. Здається, я просто топила вперед. Не знаю, як мені вистачило на все це сил. Але на кожному кроці я зустрічала тільки хороших людей. Мені начебто щастило усю дорогу. Я навіть не загубила дітей по дорозі, хоча спроби були.

Упускаючи багато деталей і труднощів на моєму шляху, я вже півтора роки у Квебеку. Мені й досі важко. Та мабуть, так буває коли втрачаєш свій дім, знайти новий на чужині- це не легкий процес…

Я часто відчуваю себе самотньою, просто не звикла так, коли поруч немає нікого) нескінченне вирішення питань, та завжди з дітьми на руках. Але ми досі живі)

Мої батьки й досі у Маріуполі. Майже всі живі. Вони так і не прийняли рішення покинути рідні домівки.Моя єдина родина у Канаді- це мої хлопці)

Я витратила весь перший рік життя тут на вивчення французької, що є необхідних для інтеграції у Квебекське суспільство. Морально мене не вистачило спробувати переїхати в англомовну провінцію і знову переадаптовуватись. Це важче ніж здається, коли ти можеш розраховувати тільки на себе, як і твої діти, які повністю від тебе залежать. Чим довше я тут залишалась, тим дальше відкладалась думка полегшити мовне питання переїздом)

Наразі начебто нормально говорю французькою, маю тимчасову працю та продовжую пошук постійної роботи. Діти пішли до школи, слава Богу, бо садочок коштував 1200 на місяць на молодшого сина. 

Живу із вірою, що складеться все найкращим чином і весь мій творчий, креативний потенціал, внутрішня сила та прага то творіння реалізуються в новому місці! Тому що так, як постраждала моя психіка і самовпевненість у еміграції- не додає позитиву у мислення.

Чи хотіла би я повернутись у Маріуполь? Важко сказати. Напевно ні. Тому що ми сумуємо за тим Маріуполем який залишився у памʼяті. Я не знаю чи зможу йти по тим вулицям які дорогі моєму серцю та не бачити все те, що звикла бачити там всі свої 30 років життя. Не знаю чи зможу звикнутись із тим що там трапилось. Але це я кажу сьогодні. Подивимось що буде далі.

Пишу цей пост, та поки пишу й навіть не усвідомлюю що таке насправді трапилось зі мною. 

Всім добра!