Je suis française et au Québec depuis une dizaine d’années. J’ai enseigné la langue et la culture françaises dans plusieurs pays (France, Angleterre, Espagne) après mes études à La Sorbonne-Nouvelle en lettres et français langue étrangère. En 2008, j’ai quitté la France pour le Québec. J’ai refait des études à l’Université (UQAM et UdeM) et travaillé comme enseignante. Mes étudiants sont afghans, syriens, iraniens, mexicains, moldaves, ce sont des adultes, certains avaient un bon travail dans leur pays mais le contexte socio-économique ou politique les a poussés à partir, ils ne voyaient pas d’avenir pour eux ou leurs enfants. Ils rêvaient à une vie meilleure et se sont donnés les moyens d’y parvenir. J’admire leur courage, leur résilience, et j’apprends beaucoup de choses avec eux. Et je leur apprends ce que je sais en retour. Je parle avec un accent français (pointu de Paris), je ralentis le débit et répète souvent la même chose,¸de façon rythmée, comme un air de musique qui va rester en mémoire. Le français enseigné au Québec est un français aux couleurs de l’arc-en-ciel, il se teinte d’accents français, arabe, slave, latino-américain, selon le pays d’origine des enseignants. Rassurez-vous, si un étudiant ukrainien apprend le français avec un enseignant mexicain, il ne prendra pas l’accent latino, il parlera québécois avec un accent ukrainien! Toujours est-il que si vous voulez entendre parler le québécois pur souche, il y a des livres, des pistes audio et des vidéos pour ça. Tous les immigrants sont à l’écoute. A Montréal, j’ai aussi travaillé chez un éditeur de livres scolaires. J’ai collaboré au développement d’une méthode pour apprendre le français du Québec. La méthode s’appelle Par ici et est devenue un succès éditorial, elle est utilisée dans les cours de langue et à la maison. Par ici se compose d’un livre et d’un cahier d’exercices. Vous verrez sur la vidéo la présentation que j’en ai faite, lors de la parution du premier volume. Deux autres volumes sont parus depuis. https://aprescours.ticfga.ca/parici/
Chaque enseignant a son propre accent et sa propre manière d’enseigner, mais il y a un consensus pour placer l’étudiant au centre de l’apprentissage c’est-à-dire qu’on va l’aider à s’organiser pour apprendre, selon son profil, ses besoins, ses attentes, son rythme. Cela se fait en étapes et par niveaux. On en compte 12 selon l’échelle québécoise, avec des examens à chaque niveau pour vérifier la progression.
Si vous apprenez chez vous, un bon indicateur de la progression, c’est la durée que vous êtes capables de parler ou d’écrire en français. Faites l’essai de vous enregistrer sur votre cellulaire et d’envoyer un message audio en français sur un sujet donné. Par exemple, présentez-vous en essayant de donner le plus d’informations possibles (nationalité, âge, état civil, statut, études, profession, loisirs). Combien de temps êtes-vous capable de parler sans répéter toujours la même chose? Une minute? Cinq minutes? Dix minutes? Si vous arrivez à une minute, vous avez passé un premier cap. Faites écouter votre enregistrement à quelqu’un de votre entourage. Est-ce qu’il ou elle vous comprend? Si oui, bravo! Si non, réenregistrez votre message après avoir corrigé les erreurs (prononciation, vocabulaire ou grammaire). Faites le même exercice à l’écrit. Écrivez un courriel pour envoyer des vœux, inviter quelqu’un ou donner des nouvelles. N’oubliez pas de demander une réponse ou de faire relire votre courriel et de corriger les erreurs (orthographe, vocabulaire, grammaire). Vous avez lu le mot erreur deux fois et vous vous dites que c’est déjà beaucoup trop? Et bien non, ce n’est pas grave de faire des erreurs, c’est même utile pour progresser. Mais c’est frustrant quand on fait toujours les mêmes!
Acceptez-le! Acceptez aussi de ne pas pouvoir tout exprimer, tout simplement parce qu’il n’y a pas d’équivalent français à une idée, une chose, une émotion qui est nommée dans votre langue. Par exemple, le mot saudade en portugais ne peut pas être traduit de façon exacte en français. Cela signifie le mal du pays, la mélancolie et l’espoir. Essayez d’enseigner vous aussi et d’expliquer un mot ou une expression de votre langue qui ne se traduit pas. Communiquez avec les autres et parlez-leur de vous!
Pour vous aider, voici un site utile :