Quand on arrive dans un nouveau pays, on est obligé de démarrer de zéro : pas de travail, pas de maison, quelques fois pas de famille et surtout pas d’amis. Pour s’adapter, se sentir bien dans son nouvel environnement, il faut sortir de sa zone de confort. Il faut parler de soi à de nouvelles personnes, faire l’effort d’appeler les gens, aller à des événements, envoyer des courriels pour un emploi, essayer de rencontrer des gens et de se faire des amis. C’est vrai que ce n’est pas facile de se connecter aux autres dans une nouvelle langue, une nouvelle culture. C’est beaucoup d’énergie.
Mais faire cet effort, sortir de sa zone de confort pour se connecter aux autres, c’est l’occasion de se faire des amis qu’on n’aurait jamais eu dans son pays d’origine. Se rendre visible permet d’élargir beaucoup plus ses horizons, d’avoir des opportunités qu’on n’aurait pas eu avant, de se montrer plus ouvert d’esprit et de ne pas se sentir seul.
Il y a plusieurs réseaux de contacts et chaque réseau a son importance : le réseau amical, le réseau professionnel, le réseau religieux, le réseau sportif, les contacts du réseau associatif/bénévolat, le réseau de l’école (ses collègues de classe ou les autres parents comme vous) …
Vous pourrez trouver du support dans chacun de ces réseaux et quelquefois ces réseaux s’entrecroisent : certains contacts du travail deviennent des amis, certains amis deviennent des collègues de travail… Par exemple, un client ou un fournisseur qui fait partie de votre réseau professionnel pourra un jour vous parler d’une opportunité d’emploi ou d’affaires, mais qui pourra peut-être aussi devenir un ami avec qui vous irez faire du vélo ou qui vous présentera à ses amis lors d’un brunch.
Parmi toutes les personnes que vous allez croiser, certaines deviendront vos amies, des alliées et d’autres resteront des contacts professionnels.
Une bouteille à la mer
Ce n’est pas facile, surtout quand on est introverti(e) ou quand on arrive seul(e).
Ma stratégie a été de contacter mon propre réseau dans mon pays avant de partir au Québec. C’est la stratégie de la bouteille à la mer : J’ai envoyé un courriel à mes contacts pour leur dire que je partais vivre au Québec et que s’ils avaient des contacts sur place cela m’aiderait beaucoup. Je leur ai dit que je ferai moi-même le tri dans tout cela. Plusieurs personnes de mon réseau ont fait suivre ce message à leurs contacts. Une amie de ma sœur, Marie-Catherine l’a envoyé à son amie : Karine. Karine qui fait donc partie de mon réseau N+3 m’a contacté, car elle connaissait quelqu’un au Québec. Elle m’a présenté à Murielle : mon réseau N+4 qui aujourd’hui, est mon amie depuis 15 ans et fait donc partie de mon réseau amical N+1 !!
Mais là ne s’arrête pas l’histoire. Il s’avère que Murielle a pu me trouver mon premier emploi dans sa compagnie. Murielle est donc devenue aussi un contact de mon réseau professionnel.
Se rendre visible
Et quand on est déjà sur place ? Il faut se montrer. Attention, ce n’est pas donner ses cartes d’affaire à n’importe qui, ce n’est pas ajouter tous les invités d’un événement sur votre Facebook ou LinkedIn.
Se rendre visible, c’est accepter les invitations qui vous plaisent et en laisser certaines de cotés qui ne vous correspondent pas. C’est tenter de parler à quelques personnes même une seule, c’est déjà ça de gagné. C’est renvoyer les invitations : on vous a proposé un café ? Le mois prochain, vous proposerez un brunch… Se rendre visible, c’est s’engager dans la société : travailler ou faire du sport ou discuter avec des parents devant l’école en attendant votre enfant, participer à la kermesse de l’école, participer à un atelier de recherche d’emplois ou prendre un cours…
Dans un cours de céramique, je me suis fait une amie pour la vie. Un de mes copains d’université m’a présenté une personne qui est mon amie depuis 14 ans. Et à l’université, j’ai rencontré Tetyana Tsomko que je connais depuis …..très longtemps !
Quelques conseils
Ne pas se fermer sur son couple. Ceux qui arrivent seuls sont les plus chanceux, car ils n’ont pas le choix que de sortir de leur zone de confort pour se faire des amis. Les couples doivent sortir de leur bulle et avoir chacun leur réseau en plus du réseau commun.
Les réseaux sociaux. Quoi qu’on en dise, c’est tellement plus facile quand on est sur les réseaux sociaux ou sur un forum, par exemple. La vérité, c’est que les gens n’appellent plus…un petit message ça va plus vite et c’est moins engageant qu’un appel quand on ne connait pas bien la personne au début d’une relation. Être sur Facebook ou LinkedIn ça aide. En effet, lorsque je rencontre des gens bien sympathiques et que j’ai envie de les garder dans mon réseau je leur dis simplement : je peux t’ajouter sur LinkedIn ? Si oui, je fais la recherche à côté d’eux avec mon téléphone et je les ajoute (on n’utilise plus vraiment de cartes d’affaires). Si la personne n’est pas intéressée, on vous dira : j’ai un compte mais je n’y vais jamais ou je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Vous pouvez demander simplement : j’aimerais qu’on reste en contact… vous verrez ce que la personne vous propose.
Participer à des événements. Cela peut tout aussi bien être des ateliers de recherches d’emploi qu’un brunch. Je me souviens avoir participé à une conférence sur la culture en Amérique du Nord. J’étais assise à côté d’une personne et je ne sais pas comment cela s’est fait, mais on s’est parlé et sa femme et lui sont devenus des contacts.
Évidemment, la création d’un réseau ne s’arrête pas à parler à des gens à un événement ou à ajouter quelques personnes sur votre Facebook (ça serait trop facile). Il faudra réactiver le contact après votre rencontre pour ne pas qu’on vous oublie… Un petit texto pour proposer un pique-nique, un petit mot sur LinkedIn pour souhaiter de joyeuses fêtes, ou encore un petit coucou sur Facebook pour proposer une sortie (je compte aller faire du vélo samedi prochain, si ça te tente, n’hésite pas à me le dire. A +).
Être patient. Se faire un réseau prend du temps et de l’énergie. Dans un milieu d’expatriés, d’immigrants, cela bouge tout le temps. Il faudra donc plusieurs événements avant de rencontrer des gens qui vous correspondent et plusieurs rencontres avant qu’une personne devienne votre ami. Rappelez-vous que même si c’est le bon moment pour vous de vous connecter à quelqu’un, peut être que ce n’est pas le bon moment pour la personne que vous venez de rencontrer. Ce n’est pas grave si cette personne sort très vite de votre réseau : il y aura d’autres opportunités.
Rien n’est acquis. Souvenez-vous que les gens entrent et sortent de votre réseau : c’est la vie. Chacun a un chemin à accomplir et quelques fois vous ne pouvez pas cheminer ensemble. Il arrive aussi que des personnes qui sont sorties de votre vie reviennent plusieurs années après. Le réseau est comme un feu de cheminée : avec le temps, il s’épuise. Pour ne pas qu’il s’éteigne, vous devez remettre du bois, vous reconnecter aux autres.
Ne misez pas uniquement sur le travail. Pour beaucoup le business, c’est le business et beaucoup d’amitiés se font en dehors du travail.
Les amis de mes amis sont mes amis. Inviter des nouveaux amis/relations : chez soi pour un apéro/repas ou un pique-nique, sortie vélo… Attention à ne pas être trop nombreux. On perd vite la qualité de la relation quand on ne peut pas vraiment échanger avec ses invités. Pour apprendre à les connaitre, il faut les écouter.
Faire preuve de discernement. C’est mon dernier conseil et c’est le plus difficile à suivre. Certaines personnes ne sont pas bonnes pour vous. Elles prennent, mais ne donnent rien. Ayez à l’esprit que si c’est toujours vous qui faites le premier pas avec cette personne, si celle-ci ne vous propose jamais rien, c’est tout simplement qu’elle n’est pas disponible pour être en relation avec vous à ce moment.
Ingrid Bennecib, C.O
Conseillère en orientation
Auteure de Les quatre saisons de l’orientation- Bien orienter son ado vers son choix de carrière.