Trois conseils dont tu n’as sûrement jamais entendu parler pour apprendre une langue

Trois conseils dont tu n’as sûrement jamais entendu parler pour apprendre une langue
Luca Léandri

Apprendre une langue fait partie des plus grands défis d’une vie. Même si nous n’avons pas tous les mêmes outils, une chose est sûre, nous avons réussi au moins une fois. Si tu peux lire ce que j’écris, c’est que tu as appris le français, qu’elle soit ta langue natale ou non. Ce qui est certain, c’est que les langues, ça s’apprend, même si tu as passé l’adolescence et que tu ne penses pas en être capable. Dans cet article, je vais te donner trois conseils qui m’ont aidé à apprendre différentes langues, certaines que je maîtrise très bien et d’autres moins. 

Conseil numéro 1 : suivre sa curiosité

La curiosité c’est la qualité de celui qui a le désir de connaître, de savoir. Il est vrai que certaines personnes sont plus curieuses que d’autres, mais toi aussi tu peux t’entraîner à le devenir de plus en plus. Si tu veux apprendre une langue, c’est que tu veux connaître autre chose, tu veux savoir communiquer avec d’autres personnes, tu veux découvrir une autre culture. Et de la curiosité, il y en a plein là! Maintenant, il faut juste la laisser s’exprimer! Que veux-tu savoir? Que veux-tu connaître? Quelle question poserais-tu à une personne native dans cette langue?

Pense à ces questions. 

Puis, cherche des réponses en ligne, dans des livres ou auprès de personnes-ressources. Ce qui est beau, c’est qu’une réponse va te mener à une autre question, si ce n’est pas plus, et ainsi de suite jusqu’à développer un petit vocabulaire et une conscience de cette langue que tu veux apprendre. Tu ne vas pas forcément tout comprendre tout de suite, te rappeler de tout ou parler rapidement… Non, ça, ça prend plus de temps, mais tu vas développer un certain attrait pour la langue, une certaine attirance qui va t’aider, et puis, il faut le dire, il y a une certaine satisfaction à chercher des mots et des expressions.. 

Je vais te donner un exemple très concret pour que tu comprennes bien. Imaginons que moi, Luca, je veuille apprendre l’allemand (langue que je ne parle pas). En suivant ce conseil, j’imagine ce que je voudrais dire à une personne allemande si elle était devant moi. Par exemple, bonjour. Je regarde… « bonjour » se dit « Gutten Tag ». Est-ce que « gutten »  c’est « bon » et « Tag » c’est « jour »? Je vérifie… Oui! Maintenant, je connais deux mots. Ensuite, je me penche vers « comment ça va » et ainsi de suite. 

Tu as compris l’idée. Se laisser guider par sa curiosité est très puissant et ça peut être un premier moyen pour te familiariser avec la langue, ça te demande peu d’énergie et c’est amusant! Profites-en, parce qu’apprendre une langue, ça peut être très éprouvant et fatigant (comme on va le voir après)… Mais ça en vaudra toujours la peine! 

Bien sûr, ce processus va finir par devenir inconscient. Je te conseille de télécharger l’application Google traduction, celle que j’utilise personnellement. Écouter du contenu dans ta langue cible est aussi un bon moyen pour te familiariser avec la structure des phrases, la musique de la langue et la prononciation. Trouver du contenu qui t’intéresse dans ta langue cible, ça aide! Mais bon, ce conseil-là ne vaut pas grand-chose si tu ne suis pas le conseil numéro 2.

Conseil numéro 2 : ne pas juger

Juger? Juger quoi? Qui? Comment? Aux premiers abords, ça a l’air un peu inutile comme conseil… Mais si tu as déjà appris une langue, tu le sais. Les êtres humains passent leur temps à juger les choses. Non seulement la langue que l’on apprend, mais aussi nous-mêmes. 

« Je suis nul. Je n’y arriverai, mais qu’après un certain temps. Si je ne fais pas ça, je n’y arriverai jamais. Je ne suis pas prêt pour faire ça. Je ne prononce pas assez bien dans ma langue cible. »

Une avalanche de pensées négatives et positives, ça n’aide pas. Je ne doute pas qu’elle soit très utile dans certaines situations, mais quand on apprend une langue, ces pensées sont contreproductives pour une simple et bonne raison.

Elles amènent à d’autres pensées et non à des actions. 

On ne sait jamais de quoi on est capable, il faut juste essayer et s’ajuster. Ces pensées ne vont d’ailleurs pas s’arrêter à soi-même, elles vont aussi s’en prendre à la langue elle-même. 

« Pourquoi est-ce qu’ils disent ça comme ça? Ça n’a aucun sens! Ce n’est pas logique! C’est tellement compliqué pour rien! Je ne comprends pas pourquoi ils font des choses comme ça! »

Ces pensées envahissantes ne servent à rien. Les langues sont arbitraires, elles ont des exceptions, des manières de dire certaines choses, des particularités. Celles que tu ne connais pas ont l’air plus bizarres, bien sûr, mais elles sont comme ça. Rouspéter fait du bien, ça valide ton point de vue, ça explique pourquoi tu ne comprends pas ou que tu n’y arrives pas, ça te donne l’impression d’être protégé. Je comprends. Mais ça ne t’aidera jamais à apprendre. 

Si tout se passe bien, ces règles, qui ne te paraissent ni naturelles ni illogiques, le deviendront plus tard; aussi bien les accepter dès le début. C’est la même chose pour tes propres capacités. Quand tu te juges incapable, au fond, tu espères le contraire et changer. Toutefois, si tu continues à chercher des excuses, tu finiras par convaincre ton inconscient que tu n’en es pas capable. Au lieu de ça, je te conseille de juste faire l’effort (et ce n’est pas facile) de ne pas y penser et de juste essayer.

Les échecs, comme de ne pas arriver à prononcer un mot, seront bien plus faciles à supporter. Pourquoi? Parce qu’en ne te jugeant pas, en ne te concentrant pas sur toi-même, mais sur la langue elle-même, tu t’autorises à changer. Tu sais que cette erreur tu l’as fait plusieurs fois, mais, au bout d’un moment, tu ne la feras plus. Ça enlève un poids et c’est un état d’esprit puissant. Si tu veux un exercice très pratique pour arrêter de te juger, je vais t’en donner un, mais, je dois dire, c’est un travail de longue haleine. C’est de se surprendre à juger les autres. Dès que tu te surprends à juger le niveau de quelqu’un d’autre (« ah, lui parle mieux que moi, elle connaît plus de mots que moi, ou lui ne sait pas dire ça aussi bien que moi. ») essaie d’accepter son niveau et pense à autre chose. Mais bon, ce conseil ne vaut pas grand-chose si tu ne suis pas le conseil numéro 3.

Conseil numéro 3 : vivre, ne pas apprendre

Apprendre une langue, c’est vrai, c’est de l’apprentissage. Il faut passer d’un état où on ne sait pas, où on n’est pas capable, à un état plus performant, plus informé, plus capable. Est-ce qu’on a vraiment la main sur cet apprentissage? Est-ce qu’on a le contrôle? Est-ce que si je te donnais un tableau de conjugaison d’un verbe en allemand et que tu voulais l’apprendre, tu y arriverais? Tu peux peut-être le mémoriser avec assez de temps, mais de savoir l’utiliser est autre chose. De la même manière qu’on ne contrôle pas la température de notre corps ou la façon dont on digère la nourriture, on ne contrôle pas notre apprentissage. 

On n’a pas le contrôle sur ce qu’on apprend. 

Du moins, indirectement. Comment peut-on augmenter nos chances de réussir à apprendre une langue?

Ça veut dire que rester chez soi, faire des exercices sur papier, lire des règles et répéter du vocabulaire rend la tâche incroyablement dure. Il faut plutôt tester des choses, et ce, dans la vraie vie! Tu ne penses pas être capable d’avoir une conversation avec un natif de ta langue cible? Essaie. Tu réussiras peut-être avec son aide. Ça ne sera pas facile, ça c’est sûr! Pourquoi est-ce que ça le serait? Apprendre une langue c’est tellement un gros changement, ça prend quelques gouttes de sueur! Le système nerveux a besoin de beaucoup d’énergie pour changer et pour s’adapter à quelque chose de nouveau. Il faut donc se mettre dans des situations un peu difficiles et ça vaut le coup puisque la récompense est infiniment plaisante et satisfaisante. Il y aura toujours des situations qui seront trop compliquées pour toi, mais si tu ne te testes jamais, tu n’apprendras jamais. C’est ça que ça veut dire, vivre, ne pas apprendre. Maintenant, en fait, tu comprends que c’est plutôt apprendre en vivant, ou vivre en apprenant. 

En conclusion, pour apprendre une langue, continue à faire ce que tu fais tout en gardant en tête que l’apprentissage s’améliore grâce à la curiosité, que de juger la langue, soi-même ou les autres rendra la tâche beaucoup plus difficile et que de vivre des expériences est le plus enrichissant. Bien sûr, tu peux toujours suivre des cours, regarder des séries dans la langue cible, ou lire, mais souviens-toi qu’on apprend une langue pour la parler et pour passer de bons moments avec les gens qui la parlent.